Marches LGBT de ses origines à nos jours (dossier)

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Marches LGBT : période de 1969 à 1980

Dans le monde, chaque été durant le mois de juin, quantité de villes  organisent leurs marches LGBT « Gay Pride« . Après les Etats-Unis d’Amérique, Paris et d’autres grandes villes de France, la Suisse (Zürich, Genève, Lausanne, Fribourg, Berne, Sion et Neuchâtel), la Belgique, puis d’autres pays européens, ont accueilli les leurs. Berlin, Londres, Rome, Jérusalem, Montréal, etc… Le monde s’y est mis ! A l’inverse, dans d’autres pays européens, d’Afrique ou du Moyen-Orient, elles sont interdites voir violemment réprimées.

Mais qu’est-ce qu’une marche des fiertés LGBT au juste ? Quand, pourquoi et où cela a-t-il commencé ? Voici un gros dossier pour tout savoir dans les moindres détails sur ces Marches des Fiertés LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual and Transexueal).

Le temps de la honte

Il est important de revenir sur ces faits pour bien comprendre ce que vivaient au quotidien les homosexuels aux USA, en Europe et dans le bloc de l’EST. Les années 40, 50 et 60 aux Etats-Unis (et dans le monde) sont les pires décennies vécues par les homosexuels qui sont relégués au plus bas niveau des sociétés. Partout dans le monde, l’homosexuel hérite de la condition qui lui est infligée par les nazis et le paragraphe 175 dans les camps de concentrations de la dernière guerre mondiale. Les triangles roses sont la caste la plus basse juste avant les gens du voyage (tziganes). Les nazis classaient les prisonniers suivant une hiérarchie précise et affichées dans tous les camps de concentration. Les membres des castes supérieures avaient tout pouvoir sur celles situées en dessous d’elles. Les castes les plus basses étaient sommes toutes les esclaves et autres souffre-douleurs des castes supérieures. Voici la liste des castes par ordre d’importance :

  • Les prisonniers politiques
  • Criminels de droits communs
  • Immigrants
  • Juifs
  • Homosexuels
  • vagabonds (tziganes)

Nous sommes à New York, fin des années 50 et début des 60’s. Partout dans l’Etat, il est

  • interdit de servir des boissons alcoolisées aux homosexuels,
  • illégal de danser entre hommes,
  • et strictement prohibé de se travestir.

Impensable de nos jours mais à l’époque, c’est ainsi ! Pour les plus jeunes d’entre vous ou ceux des plus anciens parmi vous qui ont la mémoire courte, laissez nous vous rappeler qu’aux States, les séries TV et le cinéma hollywoodien encourageaient allègrement l’homophobie. Un bon homosexuel est un homosexuel mort. Au cinéma et à la télévision, les homosexuels sont présentés comme des être fourbes, malfaisants, comme des ennemis à abattre sans pitié, en toute impunité donc sans crainte de représailles. Pour bien comprendre ce qu’était la propagande homophobe américaine, nous vous conseillons « The Celluloid Closet »  (Le Placard de celluloïd ou L’Œil ouvert au Québec) qui est à l’origine un livre de Vito Russo, publié en 1981, puis dans une version modifiée en 1987 et dont est tiré le film documentaire homonyme de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, sorti en 1995. En France, le film est sorti assorti du sous-titre Les Homosexuels (re)vus par Hollywood. Lire ou relire, visionner ou revisionner The Celluloid Closet aidera beaucoup à la compréhension de ce qui va suivre…

STONEWALL INN, Greenwich Village, NYC

C’est dans ce contexte que se déroulent les événements à suivre. Au 53 Christopher Street, au cœur de Greenwich Village, le Stonewall Inn est l’un des seuls bars où les gays peuvent se retrouver, malgré les fréquentes descentes de police. Tenu par trois parrains de la mafia, le Stonewall cible volontairement la clientèle gay, car elle rapporte gros. Plus de 200 personnes se retrouvent le week-end et y avalent des cocktails frelatés. Chaque semaine, « Fat » Tony, le patron, graisse la patte des officiers de police du 6ème district en leur remettant une enveloppe contenant 2000 dollars. Ceux-ci organisent régulièrement des raids au Stonewall…. pour la forme et pour ne pas éveiller de soupçons … Mais après les humiliations d’usage en tout genre et quelques arrestations, ils tolèrent la réouverture du bar. Les clients, quant à eux, habitués aux ratonnades et aux insultes (voir plus…), gardent la tête basse et souffrent en silence. Le temps est à la honte. Les quelques organisations homophiles existantes de l’époque, parmi lesquelles la Mattachine Society, fondée en Californie dans les années 50, prônent la discrétion absolue et oeuvrent en coulisses.

Craig Rodwell, un jeune homme de Chicago, débarque à New York au début des années 60. Immédiatement, il rejoint les rangs de Mattachine. En 1965, il organise la première manifestation homosexuelle devant le Capitole à Washington. Sous l’oeil ahuri de la police et des passants, une trentaine d’intrépides encravatés défilent en silence avec des pancartes réclamant des droits pour les homosexuels. En 1967, Craig ouvre la première librairie gay au monde, le « Oscar Wilde Bookshop » sur Christopher Street, toujours en activité à ce jour.

Année après année, Mattachine répète l’expérience de la manifestation lors de chaque Fête de l’Indépendance à Philadelphie. Mais le désarroi de Craig augmente. Cette poignée de militants à l’allure proprette peut-elle faire bouger les choses? Les revendications homos restaient lettre morte, et ce :

  • même dans le tumulte de la révolution estudiantine,
  • des protestations contre la guerre du Viêt-nam,
  • des revendications noires des Black Panthers,
  • et des premiers pas de la lutte féministe.
  • Les jeunes de la Nouvelle Gauche se refusaient à soutenir la cause gay.

Personne ne souhaitait voir son organisation assililée aux homosexuels, aux pédés .. aux « FAGS » comme on dit en anglais (FAG = FAGGOT, dérivé du nom commun français : fagot,  de ces « fagots » utilisés dans le passé pour confectionner les bûchers sur lesquels finissaient bon nombre d’homosexuels).

Mais il y a pire au sein même de la communauté homosexuelle : Habituée à la fermer tout en rasant les murs, l’écrasante majorité des homosexuels eux-mêmes n’étaient disposés à sortir du placard à aucun prix.

Ceci jusqu’en 1969, année érotique ? Pas sûr … Mais année du changement ? C’est rien de le dire ! Jugez-en plutôt en gardant toujours à l’esprit ces deux dates importantes de l’année 1969…

1969 : abrogation du §175 en Allemagne. Le paragraphe 175 est l’article 175 du Code pénal allemand (Strafgesetzbuch), qui criminalisait l’homosexualité masculine, de 1871 à 1994. C’est au nom de ce paragraphe qu’environ 50 000 personnes ont été poursuivies et pour certaines envoyées dans les camps de concentration sous le Troisième Reich. Ce même paragraphe a également permis, avant 1933 et encore longtemps après la Seconde Guerre mondiale (dans la pratique, jusqu’aux années 1970), de poursuivre les homosexuels devant la justice et de les condamner parfois à des peines de prison. Profitez également pour voir ou revoir Paragraphe 175, film documentaire britannico-germano-américain réalisé par Rob Epstein et Jeffrey Friedman, sorti en 2000.

1969 : émeutes de Stonewall à New York dans la nuit du 27-28 juin 1969.  

Over the Rainbow

C’est donc à New-York que naît véritablement le premier mouvement de contestation gay et nous allons voir comment. Habitué du Stonewall, Craig, comme les autres clients, subissait les humiliations de la police sans broncher. 

Le matin même du 27 juin 1969, on a enterré quelques rues plus haut Judy Garland.

Judy Garland est incontestablement l’idole de tous les gays pour notamment avoir chanté « Over the Rainbow », chanson phare du film « The wizard of Oz » (titre original : The Wonderful Wizard of Oz) est un film musical américain de Victor Fleming sorti en 1939 , adapté du roman pour enfants écrit par Lyman Frank Baum et publié aux États-Unis en 1900.
 

« Over the Rainbow » sera la première chanson symbolique en laquelle chaque homosexuel trouvera l’espoir d’un monde meilleur (de l’autre côté de l’Arc-En-Ciel). Ce titre restera d’ailleurs comme le premier hymne gay de l’histoire homosexuelle. Mais nous n’en sommes pas encore là, loin s’en faut. Tout reste à venir … Le changement est en marche. L’autre côté de l’Arc-En-Ciel montre le bout de son nez…

 

LA descente de trop ?

Voilà qu’en sus de perdre leur star préférée, partie rejoindre son arc-en-ciel, les homos subissent une nouvelle humiliation. Dans la nuit du vendredi 27 juin 1969, sur le coup d’une heure du matin, alors qu’il s’approche du Stonewall, Craig aperçoit un attroupement à l’extérieur du bar. Une nouvelle descente de police est en cours, la deuxième en moins de quinze jours. A l’intérieur, les flics sévissent plus brutalement que d’habitude. Le panier à salade attend devant l’entrée.

Une à une, des drag-queens menottées montent dans le fourgon. Parmi elles, Tammy Novak, 18 ans, une figure emblématique du Stonewall. L’ambiance, cette fois, est électrique.La foule, d’habitude silencieuse, commence à manifester. La colère monte, et quelques enhardis osent des insultes: « Sales flics! Laissez les pédés tranquilles! » Des pièces de monnaie et des bouteilles de bière commencent à voler. Tammy reçoit des coups de matraque alors qu’elle est poussée vers le fourgon. Soudain, elle réplique en envoyant un crochet au policier.

A l’intérieur du fourgon, une autre drag-queen de 18 ans, Martin Boyce, donne un coup de pied dans la porte du van et fait tomber un policier. Deux autres drag-queens s’échappent, mais sont rattrapées et rouées de coups. A partir de ce moment, la foule devient hystérique. « Ordures! » « Putains de flics! » « Gay power! » entend-on hurler. Des briques font éclater la vitrine du bar. Des parcomètres sont arrachés, des poubelles mises à feu. La police, effrayée par la foule, se retranche à l’intérieur du bar. Les gays ont pris le contrôle de la rue. La rage est à son comble. En quelques minutes, les homos s’étaient révoltés.

Les unités anti-émeute ne tardent pas à arriver. Craig Rodwell téléphone immédiatement à la presse, qui dépêche aussitôt des reporters sur place. Les émeutes durent jusque tard dans la nuit. Il y a de nombreux blessés. Vers quatre heures du matin, la police reprend le contrôle de la situation.

Le lendemain, les trois grands quotidiens new-yorkais relatent l’événement. Dès le début de l’après-midi, une foule nombreuse se rassemble à nouveau devant le bar, et les affrontements reprennent de plus belle. Craig a dès le matin rédigé un tract: « Plus de mafia et de flics dans les bars gays! », et par écrit, prédit que les émeutes de la veille vont entrer dans l’Histoire.

Cinq jours et cinq nuits

Pendant cinq jours et cinq nuits, en intermittence, la bataille de rue continue. Dès lors, une frange de gays, Craig Rodwell en tête, cesse d’adopter le profil bas. Mais la majorité des homos ne voit pas ces événements d’un bon oeil – Mattachine en tête, qui fait inscrire sur les murs du Stonewall : « Nous, les homosexuels, demandons à nos gens de rester pacifiques et d’adopter une attitude tranquille dans les rues de Greenwich Village. » Avec des travestis troublant l’ordre public, les stéréotypes étaient renforcés! Pour Mattachine and c°, l’image des homosexuels en prend un coup (Mais combien d’homos pensent encore la même chose en regardant les gay pride d’aujour’dui sur le postes de télévision ?)

Le 4 juillet, après une nouvelle nuit d’émeutes, Craig Rodwell descend à Philadelphie pour la traditionnelle manifestation de la Fête de l’Indépendance organisée par Mattachine.

L’INDEPENDANCE pour les homosexuels ?

Les affrontements de Stonewall avaient donné du courage à certains. Deux femmes se prennent la main. Mais le leader de Mattachine, Frank Kameny, soucieux de l’image irréprochable à donner aux américains bien-pensants, les sépare.

C’en est trop pour Craig.

A ce moment précis, il devient clair dans son esprit qu’une autre ère doit s’ouvrir. Finies les ridicules manifestations silencieuses cautionnant la honte – il est temps de passer à l’action et de se montrer au grand jour! « Christopher Street Liberation Day! » pense-t-il. L’an prochain, il s’agira de commémorer les événements de Stonewall!

1970 : l’autre côté de l’Arc-En-Ciel c’est maintenant !

L’année 1970 sera l’année de première Gay Pride à New York et de la création du Groupe de libération homosexuelle de Genève (GLHOG).

« Come out! »

De retour à New York, Craig se distance de Mattachine, mobilise ses proches, et fonde le « Gay Liberation Front » (GLF). En décembre 1969 est créée une autre association, la Gay Activist Alliance (GAA). Du côté des lesbiennes, quelques tentatives pour monter des associations échouent. Mais les femmes, bien qu’en minorité, sont présentes dans le GLF. En parallèle, Craig met sur pied le comité d’organisation du Christopher Street Liberation Day. Foster Gunnison, un autre activiste, souligne les difficultés du comité à rassembler des gens: « Le problème principal est celui du secret et de la peur, l’incapacité des homosexuels à sortir du placard ».

Mais bien déterminés à faire vivre cette Christopher Street Liberation Day Parade, Craig et Foster font des appels à l’aide financière. Ils ne parviennent à récolter qu’un petit millier de dollars. Ils font faire des affiches – une quinzaine de jeunes gens marchant fièrement dans les rues avec le slogan « Come Out ». Lorsqu’ils demandent finalement l’autorisation de manifester, les autorités exigent des garanties à raison de 1,25 million de dollars, et le chef de la police, Ed Davis, affirme publiquement qu’ « accorder un permis à ces gens serait incommoder les citoyens en permettant un défilé de voleurs et de bandits. » L’American Civil Liberties Union (ACLU), une association frondeuse dans la lutte pour les droits des gays, porte l’affaire au tribunal. Quelques heures seulement avant le début de la manifestation, le dimanche 28 juin 1970, le juge accorde finalement l’autorisation en déclarant les exigences de garantie trop élevées.

Le lieu de ralliement était Washington Place au coin de la Sixième Avenue. Peu avant deux heures de l’après-midi, quelques dizaines de jeunes gens se rassemblent. La nervosité est à son comble. Des centaines de policiers bordent l’avenue. La nouvelle circule que la veille cinq jeunes gays ont été tabassés à coup de batte de base-ball et se sont ensuite fait chasser du commissariat en étant menacés d’être inculpés pour « conduite immorale » s’ils portaient plainte. Personne ne sait si le cri de ralliement va être écouté. Personne ne sait à quoi s’attendre. Les flics ne bougent pas. Quelques insultes fusent, mais rien de plus. Petit à petit, quelques centaines de gays et de lesbiennes se rassemblent sous diverses bannières: « Gay Pride », « Gay is Good ». Et à deux heures et quart, vêtus de leur T-shirts ornés du signe Lambda, morts de peur, mais n’ayant plus rien à perdre, ces garçons et ces filles s’élancent ensemble en brandissant le poing et en criant de toutes leurs entrailles: « GAY POWER! »

1970 – 1ere gay pride à New-York

Au fil du parcours, d’autres homos viennent grossir les rangs des manifestants. Au total, près de deux mille gays et lesbiennes remontent la Sixième Avenue jusqu’à Central Park. A l’arrivée, des larmes de bonheur envahissent les visages de Craig et de ses amis. Ils avaient réussi leur pari. L’euphorie! Unissant leurs forces, ils étaient finalement chacun parvenus à surmonter leurs peurs pour aboutir à cet inimaginable rassemblement sans heurts. Le premier de l’Histoire des gays et des lesbiennes – témoin d’un passé douloureux et espoir incertain d’un avenir meilleur.

En 1970, à New-York et dans 4 autres villes, les gays décident de commémorer le premier anniversaire de la révolte du Stonewall. A l’initiative du GLF dirigé par Craig Rodwell, le 28 juin 1970, 2000 gays remontent la 6ème Avenue entre Waverly Place (Greenwich Village) et Central Park à New York. La manifestation prend le nom de « Christopher Street Liberation Parade » et son slogan officiel est « Come Out ! ». Ils seront 1200 à Los Angeles. Au Canada, Toronto organise son premier Gay Day Picnic et en Europe c’est Londres qui organise la première manifestation gay, à l’initiative du Gay Liberation Front (GLF), mais il ne s’agit pas encore d’une parade ni d’une Gay Pride. Une centaine de personnes y participe

Une étape clé

Les émeutes de Stonewall marquent-elles le début de l’émancipation homo? Pas vraiment. En Europe, dès le XIXème siècle, des pionniers tels que le Suisse de Glaris Heinrich Hössli et l’Allemand Karl Heinrich Ulrichs osent les premiers revendiquer le droit d’aimer une personne de même sexe.

Puis au début de ce siècle, le Berlinois Magnus Hirschfeld, certainement le plus grand activiste gay de tous les temps, lance le Comité Scientifique Humanitaire, puis l’Institut pour la Recherche Sexuelle et contribue au fabuleux mouvement de libération gay dans l’Allemagne de Weimar, avant que la barbarie nazie efface presque toutes les traces de son travail. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c’est de Zürich que résonnent les revendications homos, notamment à travers la publication « Der Kreis » (Le cercle), la seule revue gay internationale jusqu’en 1967. Dans la mouvance de Mai 68 se créent en France le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR), et en Suisse le Groupe de Libération Homosexuelle de Genève (GLHOG). Mais les émeutes de Stonewall marquent à n’en pas douter une étape clé de l’émancipation gay. Elles sont la source et le symbole d’une révolution internationale, et sanctionnent le début de la véritable visibilité, un changement d’attitude radical: à la honte s’est enfin substituée la fierté gay, la gay pride. Et en FRance ? La bonne société pratique le « fais ce que tu veux chez toi de tes fesses mais reste discret, et on te foutra la paix » ! Bref, la France reste laxiste sur ce plan.

Chronologie des Marches des Fiertés LGBT

1971  : 

Londres organise sa deuxième manifestation homosexuelle qui rassemble une centaine de personnes. A Paris, 500 homosexuels se joignent au défilé du 1er mai à Paris, au coté du MLF (Mouvement de Libération de la Femme). Jusqu’en 1978, les gays participeront au défilé du 1er mai. Le FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) est créé. Manifestation du FHAR en 1971

Dès le début, ces mouvements se heurtent au conservatisme d’une grande partie des gays eux-même. Beaucoup d’entre-eux estiment que pour se faire un jour accepter, il vaut mieux rester respectables, tranquilles, discrets et surtout ne pas encourager les excès des travestis et autres drag queens qui donnent une mauvaise image des homosexuels (Tiens ? encore !). Mais plus rien ne pourra arrêter les gays décidés à sortir de leur placard. L’anniversaire de cette rébellion des gays sera fêté chaque année depuis lors : c’est la naissance des GayPride dans toutes les capitales du monde occidental. Les gays avaient décidé de ne plus se taire et de se montrer au grand jour. Les marches auraient donc lieu le dernier samedi du moi de juin, samedi le plus proche de la date des émeutes de StoneWall.

1972   :

Alors que les défilés de « Christopher Street Day » (CSD) se multiplient dans les villes américaines, en Europe, c’est à Londres que le GLF (Gay Liberation Front) organise la première véritable marche homosexuelle. 2000 personnes défilent entre Oxford Street et Hyde Park. 1972 : Guy Hockenghem publie « Le désir homosexuel ».

1973  :

La London Pride est organisée par Campaign for Homosexual Equality (CHE). Cette organisation assurera les Gay Pride anglaise jusqu’au début des années 80 mais avec un succès plutôt décroissant. En France, aucune marche spécifiquement gay n’est encore organisée.

1973 : l’American Psychiatric Association ôte l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

1977 :

le 25 juin 1977 :  la première GayPride française est organisée à Paris à l’initiative du MLF et le GLH (Groupe de Libération Homosexuelle) qui succède au FHAR depuis 1974. 400 personnes défilent entre la place de la République et la place des Fêtes.

1978 :

Aucune marche spécifiquement gay n’est organisée en France en 1978 et les homos parisiens participent pour la dernière fois à la marche du 1er mai au coté des travailleurs.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Amérique puritaine n’aura de cesse que de s’élever violemment contre cette appropriation des homosexuels, d’une chanson destinée aux enfants américains. Les persécutions et les violences affligées aux homos ont, entre autres, la ferme intention de faire abandonner aux homosexuels l’hymne gay, l’un des symboles de leur identité. C’était sans compter avec l’arrivée du DISCO. En 1978, Over the Rainbow sera remplacé par « I Will Survive » (je survivrai) de Gloria Gaynor. Il le restera quasiment jusqu’en 2000.

juin 1979 :

Après une interruption d’un an, Paris connaît sa deuxième marche homosexuelle (800 personnes) à l’appel du CUARH (Comoité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle). Depuis cette date, elle se déroulera chaque année. Nos voisins belges organisent leur première marche à Anvers et les suisses à Berne (300 personnes). La Gay Pride ne se développe pas qu’en Europe puisque Sydney connait aussi sa première marche.

1979 :

première Gay Pride à Berne, qui rassemble quelques centaines de personnes et 2ème Gay Pride de Paris à Saint Germain

Marches LGBT de 1980 à 2000

1980 :

1000 manifestants défilent à Paris. Bruxelles connait sa première Gay Pride.

1981 :

4 avril 1981  : La Gay Pride parisienne revet pour la première fois une importance considérable, puisqu’elle réunit 10000 manifestants, à l’appel du CUARH. Elle est organisée volontairement avant les élections présidentielles pour faire pression sur les politiques. La gauche soutient le mouvement gay qui demande que la majorité sexuelle soit la même pour les gays que pour les hétéros. En effet, les relations hétérosexuelles étaient à l’époque autorisée à partir de 18 ans, mais il fallait attendre 21 ans pour pouvoir avoir sa première relation homo.

  • François Mitterrand est élu Président de la République en mai,

  • le fichage des homos est interdit en juin,

  • l’homosexualité est retiré de la liste des maladies mentales

  • et en 1982 la majorité sexuelle est fixée à 15 ans pour les hétéros comme pour les homos.

Gay Pride Paris 1981 : 10 000 personnes rassemblées en fin de défilé sur le plateau Beaubourg

1982 :

Le militantisme n’est plus aussi virulent qu’en 1981 et la Gay Pride de Paris ne rassemble plus que 8000 manifestants. C’est le RHIF (Rencontre des Homosexualités en Ile-de-France) qui succèdera au CUARH pour l’organisation de la Gay Pride parisienne de 1982 à 1991. Elle déclinera durant les années 80 pour attendre péniblement certaines années le millier de manifestants (1986). 1982 : création de Dialogai à Genève.

1988 :

Alors que 40 000 personnes manifestent à Londres, la Gay Pride parisienne ne rassemble que 1500 personnes. Le mouvement associatif est démobilisé et la Gay Pride n’est plus qu’une manifestation festive et commerciale.

 1989  :

(1er octobre): le Danemark instaure le partenariat enregistré.

1991 :

Après une année 1990 qui n’avait rassemblé que 1500 personnes à Paris, le collectif « Gay Pride » est créé pour redynamiser la manifestation. Ce collectif réunit les associations, les commerces et la presse. Il est présidé jusqu’en 1999 par Jean-Sébastien Thirard. La Gay and Lesbian Pride parisienne de 1991 réunit près de 6 000 personnes entre Bastille et Richelieu-Drouot, mais il faudra attendre 1993 pour retrouver les 10 000 manifestants de 1981.

1992 :

abrogation des dispositions discriminatoires du code pénal suisse envers les homosexuels. La Gay Pride parisienne rassemble 5 000 personnes sous la pluie.

1993 :

La Suède, la Norvège et l’Islande instaurent le partenariat enregistré. Dépénalisation de l’homosexualité en Russie par décret du président Elstine. SUISSE : Création de Pink Cross, l’antenne gaie suisse. Le Sida et le projet de partenariat (appelé encore le CUC, Contrat d’Union Civile) sont les thèmes abordés par cette Gay Pride de 1993 qui rassemble 10 000 personnes.

1er janvier 93 : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ôte l’homosexualité de la liste des maladies mentales.

1994  :

La province se réveille enfin. Une manifestation gay est organisée à Tour pour protester contre l’homophobie du maire de l’époque, Jean Royer. Mais c’est à Rennes et à Marseille qu’ont lieu les premières Gay Pride de province. A Rennes, c’est l’association « Femmes entre elles » qui est à l’origine de cette première manifestation qui a réuni 300 personnes. A Marseille, le CGL (Centre Gay et Lesbien) attire 400 personnes à son défilé. Paris rassemble 30 000 personnes. 

A l’étranger, Le Japon organise sa première marche gay.

1994  :

La province se réveille enfin. Une manifestation gay est organisée à Tour pour protester contre l’homophobie du maire de l’époque, Jean Royer. Mais c’est à Rennes et à Marseille qu’ont lieu les premières Gay Pride de province. A Rennes, c’est l’association « Femmes entre elles » qui est à l’origine de cette première manifestation qui a réuni 300 personnes. A Marseille, le CGL (Centre Gay et Lesbien) attire 400 personnes à son défilé. Paris rassemble 30 000 personnes.

1995 :

Après des succès divers, la Lesbian and Gay Pride de Paris marque un tournant avec 80 000 manifestants de Montparnasse à la Bastille, ce qui la place en première position des manifestations nationales de l’année. Pour la première fois, les médias généralistes nationaux rendent compte de la manifestation parisienne. L’Aquboulevard accueille la soirée de clôture, et malgré ses très grandes capacités, plus de 3000 personnes ne peuvent rentrer faute de place.

Le mouvement s’amplifie en Province : Marseille, Nantes, Rennes, Toulouse et Montpellier organisent leurs Gay Prides. Afin de coordonner l’ensemble de ces manifestations, est créée l’Interpride.

Le drapeau Arc-en-Ciel - Emblème Gay et Lesbien
Le drapeau Arc-en-Ciel – Emblème Gay et Lesbien

1996 :

Près d’une douzaine de marches sont organisées en France. Paris dépasse pour la première fois le seuil symbolique des 100 000 manifestants, puisqu’ils seront 120 000. Malheureusement, la soirée officielle organisée à Bercy est un désastre financier pour l’association Lesbian and Gay Pride de Paris qui enregistre une perte de un million de francs (152 000 euros). Il est décidé la création d’une société, la SOFIGED, pour le financement de la marche, l’association lesbian and gay Pride de Paris ne conservant que le coté militant et politique de la manisfestation.
Marseille rassemble 2000 manifestants, Lyon (2000 pers), Lille (1500 pers), Cannes (350 pers), Aix-en-Provence (100 pers) et Bordeaux organisent leur première Gay Pride. Rennes, Nantes, Montpellier et Toulouse renouvellent aussi l’expérience de l’année passée.

 1997 :

Paris accueille l’Europride qui attire 250 000 personnes. 9 villes de province organisent des marches : Cannes, Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Rennes et Toulouse. Nancy organise en février un carnaval gay qui ne réunira qu’une trentaine de personnes. Strasbourg organise « les journées de la fierté gaie et lesbienne ». 1997: première Gay Pride en Suisse Romande à Genève.

1998 :

L’affluence de Paris retombe à 120 000 personnes. Bordeaux, Cannes, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Rennes, Toulouse renouvellent leurs marches. Nancy tente une seconde fois un carnaval gay qui ne verra pas plus d’affluence que l’année précédente. L’idée sera abandonnée. Strasbourg organise à nouveau ses journées de la fierté gaie et lesbienne durant 5 jours avec manifestation sur la Place Kléber.

A l’étranger, Tel Aviv organise sa première marche (1500 pers), Stockholm accueille l’Europride et New-York attire 300 000 manifestants. 1998 (novembre): dépôt d’une initiative parlementaire au Conseil national pour l’introduction d’un partenariat enregistré.

1999 :

Paris retrouve les 250 000 manifestants en plein débat sur le pacs qui sera adopté en octobre. Réussite pour l’affluence et pour le combat politique, malheureusement pas pour les finances de l’association Lesbian and Gay Pride de Paris qui est dissoute après 3 ans de déficit. C’est désormais la société Sofiged qui prend en main la destinée de la marche et qui acquiert les droits sur les marques déposées et gère la communication et les aspects financiers. Une nouvelle association est créée pour l’aspect politique et militant : la Lesbian et Gay Pride d’Ile-de-France, qui deviendra en 2001 l’Inter-association lesbienne, gaie, bi et trans.

 1999 voit la création de la Fédération des Lesbian and Gay Prides de Province, qui deviendra la CIF (Coordination Interpride France), chargée de coordonner les manifestations de région et de créer une charte des organisateurs de Gay Pride.

1999 (3 juillet) : 30ème anniversaire des émeutes de Stonewall: Gay Pride à Fribourg (25’000 personnes). 27 septembre : Le Conseil national accepte l’idée d’une loi sur le partenariat entre personnes de même sexe.
France: le PACS (Pacte d’action civile de solidarité) est adopté par l’Assemble nationale, conférant des droits limités aux couples homosexuels (octobre).

Marches LGBT de 2001 à aujourd’hui …

2000 :

La Suisse refuse d’accorder des permis de séjours aux partenaires homosexuels étrangers (décision du Tribunal fédéral 25 août). Les Pays-Bas accordent le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels (14 septembre).

2001 :

Record d’affluence sans précédent à Paris : 500 000 personnes participent à la Marche des Fiertés Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans, nouveau nom de la marche qui introduit l’expression LGBT en France, sous l’oeil de toutes les caméras des toutes les télés nationales françaises (et même un grand nombre étrangères !). Caen inaugure sa marche avec comme slogan « une loi contre l’homophobie et la lesbophobie », Nice et Poitiers abandonnent la leur.

2001:

Le canton de Genève adpote la loi sur le partenariat, devenant le premier canton suisse à accorder des droits limités aux couples de même sexe.

2002 :

Pour la deuxième année consécutive, 500 000 personnes défilent à Paris. Reims avec 800 personnes (avec le concours de quatres association dont la naissante « Homosphère » de Troyes dans l’Aube) et Strasbourg organisent leurs premières marches, ce qui porte à 15 le nombre de villes françaises organisant une gay pride. Un record pour l’Europe.

2002:

Les Pays-Bas accordent le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels. Assassinat du leader politique hollandais ouvertement gay Pim Fortuyn. L’Europride de Cologne rassemble plus d’un million de personnes. Suisse: le Conseil fédéral propose une loi sur le partenariat enregistré au niveau national.

2003 :

Pour sa première gay pride, Metz attire un millier de manifestants dans les rues du centre ville. Reims réédite sa marche des fiertés LGBT (700). Paris enregistre un nouveau record avec 700 000 manifestants, 90 organisations syndicales, politiques et associatives et une vingtaine de commerces LGBT.

2004 :

16 Gay Prides sont organisées en France. Par ordre d’affluence : Paris (700 000 manifestants), Marseille (7000), Montpellier (6500), Lyon (6000), Lille (4000), Strasbourg (3000), Bordeaux (3000), Metz (1500), Nantes (1500), Biarritz (1200), Toulouse (1000), Rennes (650), Reims (350), Rouen (350) et Grenoble (200). Une Gay Pride rassemble aussi 500 personnes à Saint Denis de la Réunion.

Conclusion :

Désormais, sous la bannière ar-en-ciel, nous ne sommes plus seuls
Désormais, sous la bannière arc-en-ciel, nous ne sommes plus seuls

Dès 1971, on assiste aux premières Gay Pride en Europe, à Londres et à Paris. En Suisse, la première Gay Pride rassemble 300 homos à Berne en 1979. Après Zürich il y a quelques années, le phénomène gagne la Suisse Romande: près de 2’000 personnes défilent dans les rues de Genève en 1997, puis le double l’année suivante à Lausanne. Puis c’est au tour de Fribourg d’accueillir la grande messe homo, qui rassemble plus de 15’000 personnes. Enfin Berne, la capitale, avant que le mouvement ne gagne le Valais en 2001 en suscitant une grande controverse, puis les rives du Lac de Neuchâtel en 2002, pour aller en 2003 investir la capitale jurassienne Delémont.

Oui, les moeurs changent. Le message de fierté fait des adeptes. Trente ans après les émeutes de Stonewall, on célèbre la Gay Pride dans plus de cent cinquante villes dans le monde. Les pays scandinaves ont déjà adopté le partenariat enregistré depuis une dizaine d’années. Récemment, la France a voté le PACS et l’Allemagne a fait pareil. Même la Suisse semble disposée à octroyer l’égalité des droits aux couples homosexuels. Mais si une relative acceptation se profile sur le papier, il n’en va pas de même dans la vie quotidienne, une fois sorti de certains milieux urbains. La problématique de fond n’a pas changé: l’homophobie a de solides racines, et la majorité des gays et des lesbiennes continue de vivre recluse dans le placard de la honte et de la peur, au travail, en famille, à l’école, et dans la rue. Puisse la Gay Pride, avec un message politiquement fort, accroître encore la visibilité et la fierté, en proposant le respect des diverses formes de l’amour.

Anecdotes

Over the Rainbow interprétée par Judy Garland (Dorothy) est coupée au montage car certains décisionnaires estiment que « ça ralentit le film » ou qu’une star de la MGM chantant dans une basse-cour « ça manque de dignité ». Mais la chanson est finalement réintégrée et on connait son succès interplanétaire encore aujourd’hui.

 Lien et sources :


J’ai rassemblé tout ce qu’on peut trouver d’interssant sur le sujet sur l’Internet en piochant dans les sites proposés ci-dessous :

Lambda Education Histoire de la Gay Pride
Lambda Education Chronologie
Collectif LGBT de Lorraine
Belgian Lesbian & Gay Pride
Les Flamands Roses
(asso de Lille)
Wikipédia – L’encyclopédie libre et gratuite

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